par Hervé Pillaud, septembre 2020
La France a démarré le déploiement de la 5G et là encore que d’inepties et fausses peurs propagées. S’il est regrettable que le président ait attisé la polémique avec sa tirade sur les Amishs, il rappelle que si l’on peut débattre des conditions d’applications du progrès, ceux qui s’opposent au progrès (une minorité de l’ordre de 30 à 35% suivant les sondages) ne peuvent en priver l’ensemble d’une société.
La 5G est une technologie de rupture qui n’est pas dans la continuité de ce que nous avons rencontré avec la 3 puis la 4G.
Le sujet est particulièrement technique et il est regrettable que nombreux soient les acteurs qui prennent des positions à l’emporte-pièce. Oui, il y a bien un enjeu de renouvellement des terminaux, il y a également un risque de surconsommation ; mais il existe également une opportunité pour les acteurs économiques, sociaux, pour l’industrie, pour l’agriculture.
Dans ses versions avancées, celles dont la mise en place sera complétée d’ici quelques années, elle induit un nouveau paradigme d’utilisation des fréquences, de nouvelles architectures radio et logicielles. Sous réserve que le régulateur des télécoms parvienne à ordonnancer une évolution générale des réseaux vers une architecture optimale, il est vraisemblable que l’exposition aux ondes et la consommation d’énergie seront sensiblement réduites, alors même que les fonctionnalités et la qualité de services seront nettement accrues. Concernant le renouvellement des terminaux, des solutions existent comme la mise en place d’une politique de réaffectation des terminaux remplacés.
Le conseil national du numérique a fait des propositions ; j’ai moi-même travaillé deux ans en son sein sur ce dossier.[1]
En agriculture, la 5G devrait permettre d’accéder à des services allant dans le sens de la transition écologique. Par exemple, en rapprochant des données issues d’une part du programme européen satellitaire Copernicus[2] et d’autre part de capteurs situés dans les champs et sur les équipements agricoles. Leur utilisation dans des applications va nous permettre la visualisation de l’état des cultures, d’accompagner l’irrigation ou encore de déclencher des traitements appropriés, mais ce ne sera possible qu’avec une bande passante et une qualité de service suffisantes. Autre exemple, faire remonter la photo d’une tâche sur une feuille de blé ou d’une adventice inconnue et savoir comment traiter au mieux le problème, à moindres coûts financier et écologique sera également beaucoup plus aisé. Surveiller les troupeaux, les contenir dans un espace sans clôture, être alerté à distance d’un problème sur un animal, du comportement anormal du troupeau (dû aux loups ou aux chiens errants par exemple) sera désormais possible.
La 5G est donc une opportunité pour l’agriculture, nous ne devons pas en avoir peur mais plutôt tout mettre en œuvre pour faire de son déploiement en zone rurale une priorité.
Hervé Pillaud, membre du Conseil National du Numérique[3]
[1] Feuille de route sur le numérique et l’environnement https://cnnumerique.fr/files/uploads/2020/CNNum%20-%20Feuille%20de%20route%20sur%20l’environnement%20et%20le%20numerique.pdf
[2] Programme Copernicus https://www.copernicus.eu/sites/default/files/documents/Brochure/Copernicus_Brochure_FR_WEB.pdf
[3] CNNUM Conseil National du Numérique https://cnnumerique.fr/