Sécheresse hivernale, printemps pluvieux, … pour bien comprendre 2023, il faut d’abord revenir quelques mois en arrière.
Nous sommes à l’été 2022, il fait très chaud mais surtout il fait très sec. 80% des sols souffrent du manque d’eau. Presque tous les départements subissent des restrictions de l’usage de l’eau et de l’irrigation.
Résultat, les pluies d’automne sont très attendues.
Seulement voilà, à l’automne, il a plu trop rapidement et en trop forte quantité, permettant de remplir les cours d’eau en surface, sans recharger les nappes phréatiques.
« Pour que les nappes se remplissent il faut de la pluie stratiforme : 10-15 mm de pluie, en continu, pendant longtemps. Les sols fonctionnent comme des éponges : l’eau doit d’abord réhydrater les couches superficielles, au fur et à mesure, avant de pénétrer les sols de plus en plus profondément puis s’écouler jusque dans les nappes phréatiques. » expliquait alors Emmanuel Buisson l’expert agro-météo de Weenat.
Après l’automne c’est donc l’hiver pluvieux qui a été attendu avec impatience.. Et finalement, la pluie est arrivée, début mars.
Quel bilan dresser à la sortie de l’hiver ?
Pour tenter de répondre à cette question, Weenat a publié un baromètre dédié à l’eau. Une analyse de la situation hydrique sur la période du 1er octobre 2022 au 14 mars 2023, et des conséquences sur l’agriculture.
Même si une majorité du territoire présente une pluviométrie excédentaire, certaines régions françaises indiquent un fort (même très fort) déficit pluviométrique. Du côté du pourtour méditerranéen on enregistre plus de 60% de déficit de pluie, par rapport à la normale (comme vous pouvez le voir sur cette carte 👉) ;
« Dans les régions où il a plu, seuls les sols en surface ont pu stocker de l’eau et pourront alimenter les cultures » indique Pierre Giquel, ingénieur agronome chez Weenat.
Et pour la suite de la saison ?
« Le mois d’avril était indiqué comme proche des normales, ce qui est le cas. Néanmoins, mai pourrait être très pluvieux, avec peu d’ensoleillement et des températures en-dessous des normales saisonnières » rapporte Emmanuel Buisson.
Et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’agriculture.
« Au cours de son cycle végétatif, la plante a besoin d’eau, mais aussi de chaleur et de soleil pour grandir. Le risque, si ces prévisions saisonnières se confirment, c’est que les cultures développent des maladies comme le mildiou pour la pomme de terre, ou la tavelure du pommier, affectant la qualité et le rendement des récoltes » précise Pierre Giquel.
Si les prévisions saisonnières évoluent différemment, et que des épisodes de sécheresse arrivent, le risque sera tout autre : un stress hydrique pourra être envisagé, plus intense dans les régions déjà sous tension, et pour des cultures gourmandes en eau.
Résultat, peu importe la météo des prochains mois, les agriculteurs devront s’adapter pour protéger leurs récoltes : économiser l’eau en pilotant leur irrigation, suivre les conditions météo pour optimiser la protection des cultures, …