Pourquoi devient-il urgent de trouver des alternatives efficaces et naturelles aux engrais azotés ?
Avant 1830, environ 97% de l’azote soutenant la vie sur Terre était fixé biologiquement. Cependant, la Révolution Industrielle a marqué le début de l’intensification agricole, principalement permise par le processus Haber-Bosch. Développé au début des années 1900, ce dernier permet de combiner de manière catalytique, l’azote atmosphérique avec de l’hydrogène, produisant ainsi de l’ammoniac dans des conditions de haute température et de haute pression.
Bien que cette révolution scientifique ait permis de répondre à l’augmentation des besoins en nourriture au vu de l’augmentation de la population mondiale, elle a également introduit des problèmes environnementaux considérables avec deux conséquences majeures :
- le succès apparent de l’application d’azote synthétique dans la production agricole a relégué au second plan, l’investigation scientifique des mécanismes naturels et durables de fixation biologique de l’azote,
- et l’utilisation croissante d’engrais de synthèse a entraîné une diminution significative de l’activité biologique des sols.
Des études récentes suggèrent que bien que l’azote soit essentiel à la croissance des plantes, l’application de grandes quantités inorganiques peut-être directement ou indirectement préjudiciable au sol et à l’eau en raison des émissions d’oxydes d’azote dans l’air ou de pollution des cours d’eau. De plus, ces facteurs ont été impliqués comme cause sous-jacente de la stagnation des rendements dans le monde entier. C’est pourquoi, il est nécessaire d’explorer d’autres leviers pour assurer un déplafonnement des rendements et protéger l’environnement.
Azote organique : comment ça marche ?
L’azote est essentiel à tous les êtres vivants. À l’échelle mondiale, la fixation biologique de l’azote représente environ 65% de l’azote utilisé par les cultures et les pâturages. Il existe une possibilité d’augmentation considérable. L’approvisionnement en azote est en réalité inépuisable, car le diazote (N2) compose près de 80% de l’atmosphère terrestre. La clé est de transformer l’azote gazeux inerte en une forme biologiquement active, donc assimilable par les cultures. L’azote atmosphérique peut être transformé en ammoniac par des bactéries fixatrices d’azote, dites diazotrophes de la rhizosphère, grâce à un complexe enzymatique puissant, qu’elles possèdent en elles.
Ces bactéries diazotrophes, ne se limitent pas à fournir seulement de l’azote aux plantes. C’est tout l’avantage du Vivant : ces microorganismes ont été identifiés comme des acteurs clés dans la modulation de la rhizosphère, générant des effets bénéfiques multiples pour les écosystèmes agricoles. L’exploitation des micro-organismes offre un potentiel immense pour une agriculture plus durable et résiliente.
Le processus de fixation biologique de l’azote offre un certain nombre d’avantages concrets pour les cultures : disponibilité immédiate d’azote pour les plantes, réduction de la dépendance aux engrais azotés synthétiques, amélioration de la durabilité environnementale et économique, etc. Alors que les défis liés au changement climatique et à la durabilité alimentaire continuent de croître, l’intégration efficace des micro-organismes dans les pratiques agricoles représente une voie prometteuse vers un avenir plus résilient, à la fertilité biologique et physique accrue, économe en ressources et respectueux de l’environnement dans le secteur agricole.
Pour en savoir plus : https://www.cybele-agrocare.com/
Ou l’article en intégralité : https://www.telecom-paris-alumni.fr/fr/revue/numeros/agritech-numerique-droit-reglementation-et-democratie/3576