Comme nous l’avons tous déjà observé, l’adoption du numérique auprès du monde agricole est lente pour de nombreuses raisons comme le prix, l’ergonomie, l’infrastructure en présence , la capacité à se former, à dégager du temps, à changer…
Sur une plus petite échelle ,datant d’Octobre 2023 ,dans un périmètre géographique, nous conduisons un projet avec 30 exploitations agricoles : 4 sont équipées de logiciel de gestion parcellaire, 19 utilisent un tableur et 7 un support papier. On est à 13% d’adoption.
Pourtant, les obligations réglementaires liées à l’équipement “numérique” arrivent : carnet de plaine électronique au niveau européen, facturation électronique obligatoire en 2026 sans compter l’ensemble des acteurs du monde agricole qui ajoute en permanence des services numériques à destination des agriculteurs.
Aujourd’hui, il y plus de 1500 solutions numériques disponibles pour un agriculteur malheureusement, elles sont loin d’être toutes à même de communiquer entre elles, autrement dit d’être interopérables pour améliorer l’expérience utilisateur.
Nous sommes clairement dans une période de paradoxe : adoption faible, offre forte.
Comment augmenter le potentiel d’adoption des solutions ?
1 / L’interconnexion
Chez Ekylibre, nous avons testé de nombreux modèles, gratuits ou payants, simples ou plus complexes, avec peu ou beaucoup de valeur ajoutée. En tout état de cause, nous cherchons tous à maximiser nos fonctionnalités à moindre coût pour en augmenter la valeur et cela prend du temps.
Pour économiser du temps, une des solutions consiste à collaborer avec d’autres entreprises et partager ses briques technologiques en les connectant. Nous développons cette approche chez Ekylibre depuis assez longtemps, ce qui permet d’augmenter la valeur de nos fonctionnalités mais cela demande un alignement des données assez conséquent.
2 / L’interopérabilité
Une autre solution consiste à être interopérable, à fournir une interface de communication avec un dictionnaire de données ou une ontologie accessible. Autrement dit, à permettre avec l’accord du propriétaire des données*, d’accéder librement à une interface d’échange avec n’importe quel langage de programmation.
Chez Ekylibre, nous avons choisis de synthétiser l’ensemble de nos dictionnaires de données dans deux projets ouverts Lexicon et Onoma** pour permettre d’atteindre cette fameuse interopérabilité.
* : sujet à débat, nous y reviendrons bientôt. Article L342-1 du code de la propriété intellectuelle.
** : disponible sur https://github.com/ekylibre
N’importe quel acteur qui possède un accès (donnée par l’agriculteur) peut accéder (lire ou écrire) via l’API d’Ekylibre pour, par exemple, récupérer ou enregistrer des interventions ou des parcelles.
3 / L’open source
Les deux premiers concepts sont intéressants mais ne suffisent pas à avancer assez vite ou à atteindre un niveau de qualité et de prix satisfaisant au regard de l’énorme diversité des données et des fonctionnalités à développer quand on parle d’agriculture au sens large.
Si on regarde de plus près comment Linux à réussi à s’imposer dans le domaine des serveurs (96% des serveurs dans le monde). On remarque que plusieurs société et personnes différentes ont collaboré librement sur un projet commun pour permettre de faire avancer une problématique qui nous concerne tous. Ca a pris 25 ans mais aujourd’hui, on ne se pose plus la question et on gagne un temps considérable sur nos projets.
Dans la même logique, nous avons décidé de lancer la dynamique OSFarm (https://osfarm.org) où nous allons pouvoir construire/utiliser comme Linux, des solutions ouvertes et interopérables au service du monde agricole. Plus de 20 solutions sont déjà répertoriées et testées.
Nous organiserons des démonstrations lors du salon de l’agriculture 2024 où, comme pour Linux, on pourra installer gratuitement et librement un ensemble de solutions utiles au monde agricole.
Nous avons tous besoins des agriculteurs, et ils attendent de nous que nous puissions leur fournir des outils accessibles, performants , collaboratifs et interopérables pour réussir les défis d’aujourd’hui et de demain.