Applications, bases de données, équipements connectés… L’agriculture s’inscrit sans conteste dans le mouvement de numérisation du monde. Depuis 2015, l’ESA s’est engagée dans l’accompagnement de ces processus de numérisation du secteur à travers ses activités d’enseignement et de recherche. L’Ecole supérieure des agricultures est un établissement d’enseignement supérieur et de recherche de dimension internationale. Elle forme chaque année 3 000 étudiants : Ingénieur, BTS, Bachelor, Licence, Master et Doctorat. Elle a développé une spécialisation ingénieurs de l’AgTech pour concevoir des formes durables et opérantes de numérisation de l’industrie agroalimentaire.
Au-delà des enjeux technologiques, le développement numérique a, pour les agriculteurs, l’exploitation, la profession et les filières agricoles et agroalimentaires, des conséquences à la fois économiques et sociologiques. En s’appuyant sur les travaux d’enseignants chercheurs et de doctorants de l’école, la chaire « Mutations agricoles », étudie les effets de la numérisation du secteur agricole sur les métiers, les entreprises et les formes de coordinations professionnelles. Plus précisément trois fronts de recherche sont ouverts, pour mieux appréhender les interactions entre équipement numérique et écologisation des systèmes agricoles, aux échelles de l’exploitation, des dispositifs de conseil et des territoires…
1/ Performance environnementale et choix d’investissement dans les outils numériques dans les exploitations agricoles.
Si une des promesses de l’agriculture de précision est une meilleure empreinte environnementale de l’agriculture, l’impact de ces outils sur la performance environnementale est mal établi, et on connaît mal la place qu’occupent les considérations environnementales dans les choix d’investissement des agriculteurs. Les investissements numériques entrent-ils dans une stratégie de pilotage d’un système agricole durable ou s’inscrivent-ils dans la continuité d’un système productiviste conventionnel ? Comment les politiques publiques peuvent-elles contribuer à des choix d’équipements qui concourent à la transition agroécologique ? (thèse d’économie par Maha Ben Jaballah).
2/ Capteurs et outils d’aide à la décision en agriculture : quelle prise en charge de l’enjeu d’écologisation de l’agriculture ?
L’agro-écologie s’accompagne d’une complexification du pilotage des systèmes agricoles par les agriculteurs. Si les OAD et outils numériques de modélisation permettent de gérer la complexité des systèmes de production agro-écologiques, ils sont régulièrement associés de fait à une logique descendante de conseil, laissant peu de place à l’agriculteur et au conseiller, et réduisant l’écologisation à la modulation de l’usage d’intrants. De manière congruente, l’enjeu de traçabilité des pratiques tend à réduire les processus d’écologisation à quelques indicateurs mesurables et communicables. Or, certains OAD émergent, conçus par des instituts techniques et de recherche ou par des collectifs d’agriculteurs, qui permettent à l’usager de modifier les objectifs poursuivis. Comment les dispositifs numériques s’articulent à différentes approches de l’agro-écologie ? Quelle est la capacité des agriculteurs, des conseillers, des acteurs d’aval à co-concevoir des pratiques et des modalités de mesure de ces dernières ? Quels usages en font alors les agriculteurs et les conseillers ? (enquête sociologique par Soazig Di Bianco).
3/ Impact du numérique sur l’agglomération des activités agricoles.
La recherche de gains de productivité a entraîné une forte spécialisation non seulement des exploitations mais aussi des territoires. Cette concentration géographique de la production a eu des effets négatifs sur l’environnement et l’occupation des sols constitue aujourd’hui un facteur essentiel de la transition écologique. L’intensification technologique a jusqu’ici beaucoup contribué à dessiner ce paysage agricole. Nous analysons l’impact de l’utilisation du numérique sur cette dynamique d’agglomération des activités agricoles et d’utilisation du sol et ce que cela implique en termes d’impacts sur l’environnement. L’essor du numérique, en libérant les activités d’innovation de la contrainte spatiale, contribue-t-il à diminuer la concentration spatiale des activités agricoles ? (analyse économétrique par Nejla Ben Arfa).
Pour en savoir plus : https://www.chaire-mutations-agricoles.com/